Connais-tu les bear markets les plus importants de l’histoire ? Qu’est-ce que le bear market des cryptos de 2022 a en commun avec les précédents ?
Suivant la maxime de Confucius “étudie le passé si tu veux prédire l’avenir”, ici, nous analysons les phases baissières passées dans le but de comprendre la dynamique du bear market que nous connaissons actuellement.
Si toi aussi tu te demandes : combien de temps durera le bear market des cryptos en 2022 ? Le prix du Bitcoin va-t-il encore s’effondrer ? Malheureusement, il n’y a pas de réponses certaines. Dans cet article, tu trouveras toutefois des informations qui peuvent t’aider à mettre en perspective l’état actuel du marché. Par exemple, nous pouvons examiner la durée des phases baissières, les éléments impliqués ou comprendre ce qui les a provoquées.
1. Le krach boursier américain de 1929
Le krach de la bourse de New York de 1929 est le premier effondrement majeur d’un marché financier contemporain et la première crise importante causée par les marchés libres et la spéculation financière. Avant le krach de 1929, les États-Unis d’Amérique connaissaient l’une des périodes les plus prospères de l’histoire sur le plan économique, les “années folles”. La grande prospérité économique des States, rendue possible par la victoire de la Première Guerre mondiale et les politiques économiques libérales, semblait imparable. Oui, en effet, c’est ce que tout le monde croyait. Mais, cette croissance économique s’est soudainement arrêtée, en raison de la saturation progressive du marché. Les usines ont fermé, les produits sont restés invendus et les entreprises ont commencé à licencier des employés. La crise de l’économie réelle se traduit à la bourse de New York par l’effondrement des actions détenues tant par les grands capitalistes de l’époque que par la moyenne et la petite bourgeoisie, qui se retrouvent soudainement sans économies.
Le véritable krach a eu lieu le jeudi 24 octobre, le fameux black thursday. Ce moment a déclenché un marché baissier intense, surnommé rétrospectivement “la Grande Dépression“. Cet événement a déclenché une récession qui a entraîné une baisse de 60 % du commerce mondial et généré 15 millions de chômeurs. Le Dow Jones, principal indice boursier américain, s’est effondré de 75 % de sa valeur en quelques mois.
2. La bulle “dotcom”
L’un des bear markets de l’histoire qui mérite d’être mentionné est celui qui a suivi la “dotcom bubble“. L’expression “bulle Internet” (ou bulle dotcom) est utilisée pour décrire le phénomène de croissance sans précédent de la valeur des actions des entreprises technologiques, connues sous le nom de “dotcoms”, qui s’est produit à la fin des années 1990. Cette période a été caractérisée par une croissance exponentielle des investissements dans les jeunes pousses d’internet. Tout a commencé avec Netscape, la première start-up de navigateur Internet, dont le prix par action a bondi de 28 à 147 dollars en cinq mois. Ce fort mouvement haussier a suscité un enthousiasme incroyable sur les marchés, et en particulier sur les “dotcoms”. Avec Netscape, Yahoo, Amazon, Apple et des centaines d’autres entreprises naissantes ont explosé en bourse.
Toutefois, la bulle a éclaté en avril 2000, peu après l’all time high (ATH) du NASDAQ, l’indice boursier qui suit les cours des principales sociétés technologiques américaines, à 5 048 points. La bulle a éclaté parce que les dotcoms, dans la plupart des cas, n’avaient pas de valeur intrinsèque ou de produit viable, mais n’étaient rien de plus que des campagnes de marketing agressives. Ce marché baissier a duré environ deux ans, au cours desquels l’indice NASDAQ a atteint 1 111 points, perdant plus de 75 % de sa valeur.
3. La crise des subprimes de 2008
Dans la liste des principaux bear markets de l’histoire figure celui de 2008. La crise économique de 2008 est celle qui a le plus marqué notre passé le plus récent. Une fois encore, ce sont les États-Unis qui sont à l’origine de cette récession, avec la crise des prêts hypothécaires à risque qui a éclaté à la fin de 2006. Ces prêts hypothécaires à risque étaient des prêts financiers accordés par les grandes banques et les géants financiers américains, notamment Chase, JP Morgan et Lehman Brothers, à des personnes présentant un risque élevé de défaillance, c’est-à-dire des mauvais débiteurs. La crise a explosé en septembre 2008, lorsque la situation d’insolvabilité générée par les prêts hypothécaires à risque s’est conjuguée à une bulle sur le marché immobilier. Cette bulle était le résultat des politiques accommodantes de la Réserve fédérale (FED), la banque centrale des États-Unis.
Le marché baissier de 2008 n’est pas resté confiné aux States, mais s’est évidemment étendu à l’Europe aussi. Les banques centrales des pays se sont trouvées contraintes d’injecter d’énormes quantités d’argent dans leurs économies, par le biais de politiques monétaires d’assouplissement quantitatif, afin d’endiguer l’effondrement de l’économie mondiale. Pendant le marché baissier de 2008, l’indice boursier S&P 500 (Standard and Poors), qui suit les performances des 500 sociétés américaines les plus capitalisées, a plongé de 38,5 % et le géant financier américain Lehman Brothers a fait faillite. Le bear market de 2008 a eu un impact beaucoup plus important que ce que l’on peut deviner sur les graphiques. Les effets de la crise systémique générée par l’éclatement de la bulle des subprimes se font encore sentir aujourd’hui.
4. Le premier bear market des cryptos : le piratage de Mt. Gox en 2014
Le premier véritable bear market des cryptos est arrivé en 2014. Certes, le Bitcoin existe depuis 2008, mais jusqu’en 2013, il n’avait pas de véritable marché. Le seul moyen d’en acheter était de passer par des échanges peer-to-peer, et son utilisation était reléguée aux sites du Dark Web comme Silk Road. Après 2013, cependant, l’achat et la vente de BTC ont construit un véritable marché, principalement en raison de la croissance du plus grand exchange de cryptos de l’époque, MT Gox, qui était responsable du traitement de la majorité des transactions en Bitcoins dans le monde.
Cette période, qui s’est caractérisée par l’émergence d’un grand nombre d’exchanges et de wallets, est surnommée la “hack era”. Entre mars 2012 et octobre 2013, de nombreux exchanges dont Linode, Biconica et Bit floor ont été piratés. Les premières attaques de piratage n’ont toutefois pas affecté le prix du Bitcoin, qui a continué à augmenter sans se décourager. De 5 dollars en mars 2012, le prix du BTC a atteint 1 150 dollars en novembre 2013.
C’est à ce moment-là, cependant, qu’est apparu le premier black swan de l’histoire des cryptos : l’attaque de Mt. Gox par des pirates informatiques, qui a permis de voler 850 000 bitcoins. Cet événement de type black swan a donné le coup d’envoi du premier véritable bear market des cryptos, qui a duré 391 jours. D’un prix de 1 150 $, le BTC a atteint les 150 $, perdant 73 % de sa valeur.
5. Le bear market de 2018 : les ICO
L’esprit du cycle du marché des cryptos de 2016 à 2019 peut se résumer en un seul acronyme : les ICO. Les ICO, acronyme de Initial Coin Offering, sont l’équivalent des offres publiques initiales dans le monde des cryptos. Il s’agit de préventes de tokens qui permettent à ceux qui y participent de soutenir financièrement un projet de crypto avant son lancement, par l’achat de cryptos natives.
Cette façon de vendre au public a été popularisée par Ethereum, en juillet 2014. Les ICOs ont été la croix et la bannière de ce cycle du marché des crypto. D’une part, elles ont permis au monde du Web3 de se développer et à de nombreux projets de trouver des partisans. Par contre, d’autre part, elles ont généré une importante bulle spéculative, comparable dans la manière dont elle s’est gonflée, à celle des dotcoms. La prolifération des ICO et le grand enthousiasme suscité par ce nouveau marché ont permis à beaucoup de projets frauduleux de lever d’énormes sommes d’argent. En raison de la situation macroéconomique mondiale, en particulier des politiques monétaires restrictives, notamment le quantitative tightening, la bulle des ICO a éclaté fin 2017, provoquant le début du bear market. Le quantitative tightening est un resserrement brutal de la politique monétaire d’un État qui se traduit par une hausse des taux d’intérêt dans le but de limiter l’inflation.
Le prix du Bitcoin s’est effondré, passant de 19 100 dollars à 3 200 dollars, perdant donc 84 % de sa valeur. Ethereum s’en sort encore plus mal, puisque la valeur de la crypto de Vitalik Buterin est passée de 1 400 dollars à environ 150 dollars, enregistrant un mouvement de baisse de -95%. Le bottom, c’est-à-dire le point le plus bas atteint par une crypto dans ce cycle, a été atteint exactement un an après l’atteinte de l’ATH, le 17 décembre 2018.
6. Le bear market des cryptos de 2022
Les particularités de ce cycle de marché sont l’influence de la pandémie de la COVID-19, un événement d’ampleur mondiale qui a affecté l’économie et la société, et l’entrée des investisseurs institutionnels sur le marché.
Cette dernière a augmenté la spéculation, une arme à double tranchant pour toutes sortes de marchés. D’une part, elle génère une croissance rapide, d’autre part, elle crée les conditions d’une descente tout aussi rapide. Cet effondrement s’est effectivement produit le 12 mai 2021, jour où le prix du Bitcoin est passé d’environ 60 000 à 30 000 dollars en quelques heures. Toutefois, cet effondrement n’a pas signalé le début d’un bear market, car il a été résorbé dans les mois suivants, permettant au Bitcoin d’atteindre un nouveau sommet en novembre 2021. Le bear market des cryptos de 2022 a commencé au printemps, le premier catalyseur de cette phase baissière étant l’effondrement de l’écosystème Terre-Luna de mai 2022. Au fil des mois, des événements tels que le relèvement des taux d’intérêt par la FED et l’échec de l’exchange centralisé FTX il y a quelques semaines ont encore alimenté ce bear market.
La plus grande nouvelle de la dernière phase du marché des cryptos, qui s’étend de 2020 à aujourd’hui, concerne l’adoption. Dans les marchés baissiers précédents, la mass adoption, qui se traduit par le nombre d’entreprises traditionnelles adoptant les technologies Web3 et le nombre d’utilisateurs les utilisant, s’est presque totalement arrêtée. Le cycle que nous vivons actuellement semble toutefois différent ; l’adoption se poursuit dans les faits, même dans le cadre de ce marché baissier. Un exemple de cette tendance est la blockchain de Polygon, qui a signé d’importants partenariats avec des entreprises extérieures au monde des cryptos.
Les différences de prix entre le bear market de 2018 et celui de 2022.
Mais quelles sont donc les principales différences entre le bear market que nous vivons actuellement et celui de 2018 ? Voyons ça du point de vue du prix des deux cryptos les plus capitalisées : le Bitcoin et Ethereum. Commençons par examiner le niveau de prix à partir duquel les deux marchés baissiers ont démarré : en 2018, le prix du bitcoin à l’ATH était de 19 100 dollars, tandis que celui de l’Ethereum était d’environ 1 400 dollars.
Le mouvement baissier entre le point le plus haut atteint par le cours du Bitcoin et son point le plus bas en 2018-2019 a duré 364 jours, faisant capituler le BTC et l’ETH à 3 200 et 150 dollars, respectivement. La variation du prix a été de -84% dans le cas du Bitcoin et de -95% dans le cas d’Ethereum.
Dans le bear market crypto 2022, le bottom, pour l’instant, se situe autour des 15 500 $ pour le Bitcoin, qui a été touché le 21 novembre 2022, 375 jours après que l’ATH ait été atteint. Pour le prix d’Ethereum, cependant, la situation est quelque peu différente. L’ATH a été atteint le 15 novembre 2021 mais le plancher est situé, pour l’instant, autour des 880$, atteint en juillet 2022.
Maintenant que tu disposes de quelques informations, combien de temps penses-tu que le bear market de 2022 va durer ? La phase baissière aurait-elle pu se terminer il y a quelques jours avec la chute du Bitcoin à 15 735 $ ?