La paresse serait-elle une vertu dans le monde de l’investissement ? Découvrez 5 autres idées paradoxales et contre-intuitives (mais vraies) issues de la finance personnelle.
Quels sont les principaux paradoxes de la finance personnelle ? Ce blog se concentre avant tout sur les crypto-monnaies, mais il nous arrive d’explorer d’autres facettes du vaste univers de l’investissement.
Nous sommes récemment tombés sur un article intéressant publié par Dedalo Invest, dans lequel l’auteur, Andrea Gonzali, présente 10 contradictions (ou paradoxes) liés à la gestion financière personnelle. Nous avons choisi de revisiter ce contenu, car plusieurs points abordés résonnent fortement avec les dynamiques du monde crypto.
Le monde de l’investissement : un univers souvent contre-intuitif
L’objectif principal de toute personne qui s’intéresse aux marchés est clair : maximiser les rendements et limiter les pertes. Pourtant, bon nombre de décisions prises par les investisseurs peuvent sembler irrationnelles, surtout avec le recul.
En résumé, la finalité est claire, intuitive et rationnelle. Mais les chemins pour y parvenir sont souvent plus complexes.
Cette complexité n’a pas une seule origine. Historiquement, notre intuition humaine s’est forgée autour de deux objectifs essentiels : assurer notre survie et perpétuer l’espèce. Accroître son capital financier n’en faisait pas partie. Pour citer l’auteur de l’article original :
« Les principes de base sont intuitifs : épargner régulièrement, investir avec bon sens, diversifier son portefeuille et le faire fructifier sur le long terme. Ce qui est complexe, c’est la gestion de l’argent au quotidien. »
- La paresse est une vertu
Commençons par ce qui est sans doute l’affirmation la plus paradoxale : la paresse maximise souvent les performances, tandis que l’hyperactivité tend à les freiner. Bien sûr, cette remarque ne vise pas à généraliser ; il existe toujours des exceptions — comme ce cousin de notre ami, un trader de meme coins très actif. Mais lorsqu’on observe les grandes tendances en matière d’investissement et de finance personnelle, certaines croyances profondément ancrées sur la valeur du travail acharné et de l’implication sont remises en question.
Il est essentiel de préciser que, dans ce contexte, la paresse concerne l’aspect opérationnel de l’investissement — à savoir la fréquence des achats, des ventes ou des rééquilibrages — et non le temps consacré à l’apprentissage de concepts ou de théories. Cette logique s’applique également au monde de la crypto. Plus un investisseur effectue de transactions sur une période donnée, plus il augmente ses chances de commettre des erreurs pouvant entraîner des pertes significatives, notamment avec certains types de crypto-monnaies.
Dans la finance traditionnelle, les « portefeuilles paresseux » — c’est-à-dire ceux qui se contentent de diversifier entre quelques classes d’actifs via des instruments simples et peu gourmands en gestion — ont historiquement surpassé bon nombre de stratégies plus complexes et activement gérées. Il en va de même pour les portefeuilles composés principalement de Bitcoin et de quelques altcoins, même sur des horizons d’investissement plus courts.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Tout d’abord, chaque transaction réalisée via une plateforme de courtage ou un échange crypto génère des frais et augmente le risque d’erreurs. Ensuite, en raison du caractère imprévisible des marchés, même les investisseurs professionnels ne cherchent plus à « timer » le marché — c’est-à-dire vendre au plus haut et acheter au plus bas. Enfin, il ne faut pas oublier que toute plus-value réalisée à travers le trading est soumise à l’imposition.
- « Il faut suivre son intuition » — Vraiment ?
L’intuition est essentielle à notre sécurité : elle nous alerte face au danger avant même qu’il ne soit visible. Mais lorsqu’il s’agit d’investissement, s’y fier peut s’avérer risqué. L’être humain n’investit son argent que depuis peu à l’échelle de l’évolution, alors que notre intuition — et les biais cognitifs qui y sont associés — s’est développée sur des centaines de milliers d’années.
En d’autres termes, notre instinct s’est façonné pour nous protéger des menaces immédiates, comme les animaux sauvages ou les plantes toxiques, pas pour interpréter la complexité des marchés financiers après un crash post-Trump.
Ces biais cognitifs sont des raccourcis mentaux qui influencent nos croyances et nos décisions rapides — avec un impact considérable sur nos choix en matière d’investissement :
- Biais d’ancrage : nous attachons une valeur exagérée (et souvent irrationnelle) à certains seuils de prix. Un bon exemple est le seuil des 100 000 $ pour le Bitcoin : de nombreux investisseurs se sont trompés durant le bull market de 2021 en pensant que le BTC atteindrait ce niveau.
- Biais de surconfiance : il survient lorsque nous surestimons nos connaissances, notre capacité à prendre de bonnes décisions ou la précision de nos prévisions.
- Biais de confirmation : ce biais nous pousse à rechercher uniquement les informations qui confirment nos opinions existantes, en ignorant celles qui les contredisent.
C’est pourquoi les approches d’investissement rigides, basées sur des règles claires et inaltérables — comme une stratégie d’achat périodique suivie d’une conservation à long terme (buy and hold) — donnent souvent de meilleurs résultats que les choix fondés sur l’instinct ou la perception subjective de l’investisseur.
3. Les soldes n’attirent pas les acheteurs
En finance — et tout particulièrement dans le monde de la crypto — une baisse des prix a souvent pour effet d’éloigner les acheteurs, ce qui est paradoxal comparé aux autres secteurs. Par exemple, si une paire de chaussures que nous convoitons voit son prix chuter de 50 %, nous avons tendance à y voir une opportunité et à l’acheter sans hésiter. Dans les marchés financiers, c’est souvent l’inverse qui se produit.
Un meme bien connu illustre parfaitement cette logique inversée : une longue file d’acheteurs lorsque le Bitcoin est à 100 000 $, et plus personne lorsque son prix tombe à 6 000 $.

Ce phénomène s’explique notamment par l’effet de troupeau : lorsque tout le monde vend, notre instinct nous pousse à faire de même, même si, rationnellement, nous savons que cela pourrait être justement le moment idéal pour acheter. Sur les marchés, les “promotions” font peur, car une baisse de prix est généralement associée à des nouvelles négatives ou à des comportements de panique — ce qui influence la perception des investisseurs, qui anticipent encore plus de pertes.
4. Investir au plus haut est la norme, pas l’exception
Éloignons-nous un instant du secteur crypto pour regarder du côté des marchés financiers traditionnels, et plus précisément du marché boursier. Ce détour ne signifie pas que les concepts évoqués soient exclusifs aux actions, mais simplement que les actifs crypto sont encore jeunes par rapport aux indices boursiers, ce qui limite notre recul historique pour appuyer certains raisonnements.
Pour les investisseurs débutants, une crainte revient souvent : celle d’acheter au plus haut ou d’arriver « trop tard ». Pourtant, si l’on observe l’historique du S&P 500 — l’indice phare qui regroupe les 500 plus grandes entreprises américaines et reflète, dans une large mesure, la tendance générale du marché — cette peur paraît largement infondée.
Depuis sa création en 1957 jusqu’à mars 2025, le S&P 500 a atteint 1 242 nouveaux sommets historiques. Ces records sont généralement espacés de courtes périodes. Bien sûr, il y a eu des exceptions notables, comme les sept années entre 2000 et 2007, ou encore entre 1973 et 1980. Mais dans l’ensemble, le graphique de l’indice montre qu’il passe une grande partie de son temps à proximité de ses plus hauts.
En résumé : dans la finance traditionnelle, atteindre de nouveaux sommets n’est pas un événement exceptionnel, mais bien une normalité.
L’idée selon laquelle il serait plus facile d’investir en période de marché baissier est souvent trompeuse. Lorsque les marchés chutent, la peur et l’incertitude dominent, rendant paradoxalement l’acte d’investissement plus difficile — même si les prix sont bien plus attractifs.
Et dans l’univers crypto ? Pour le moment, le Bitcoin ne peut être comparé au S&P 500, notamment à cause des 50 années d’historique qui les séparent. Cette différence explique en partie pourquoi la valeur du BTC reste plus cyclique et soumise à une forte volatilité.
Cependant, on observe récemment un raccourcissement des cycles entre les plus hauts historiques du Bitcoin — sans doute lié à l’intérêt croissant des investisseurs institutionnels. Avec le temps, même si rien n’est garanti, il est probable que le comportement du Bitcoin se stabilise et se rapproche de celui des actifs traditionnels. L’or en est un bon exemple, car il partage avec le Bitcoin une caractéristique centrale : la rareté.
5. Investir au plus haut est la norme, pas l’exception (suite)
Nous arrivons au cinquième et dernier point, parfaitement résumé par Dedalo Invest à travers ce paradoxe :
- Pour profiter pleinement des intérêts composés, il faut commencer à investir le plus tôt possible.
- Mais on ne peut pas agir à l’aveugle : il est essentiel de comprendre ce que l’on fait et de se former avant de se lancer.
La première partie de cette affirmation est assez intuitive si l’on connaît le fonctionnement des intérêts composés : il s’agit des rendements générés non seulement sur le capital initial, mais aussi sur les intérêts déjà accumulés. En d’autres termes, vous gagnez des intérêts… sur vos intérêts. C’est un puissant levier sur le long terme.
Cependant, se lancer sans connaissances solides peut conduire à des erreurs coûteuses — aussi bien financièrement que moralement — et décourager bon nombre de personnes qui finissent par abandonner toute idée d’investissement.
Alors, comment surmonter ce dilemme ?
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